TopinambOur

...Je suis l'homme de la nature avant d'être celui de la société...

Lundi 4 juillet 2011 à 13:10

 
Le brocanteur aux cheveux grisonnants, la bedaine d'un homme qui a su vivre, le tablier en cuir sali par le temps et le travail, me fixait derrière ses petites lunettes rondes. Il était assis, là, sur son petit banc de bois. Derrière lui, son trésor, sa cave, son vide grenier, sa brocante... Les portes à doubles battants étaient ouvertes en grand, laissant ainsi pénétrer la douceur du soleil matinal... C'était une de ses maisons en pierre et en toit de lauze de toute beauté. Les épilobes et les gentianes rendaient l'entrée de la demeure éblouissante. La montagne...
Derrière le brocanteur, au dessus de ces cheveux en bataille, exposée comme une fierté, se tenait un petit boléro de dentelles et de crochets. Il avait fière allure. Quelques peu jaunit par le temps, mais Dieu qu'il était beau. Je m'approchais. "Il appartenait à ma Grand-Mère." Le vieil homme me parlait. J'eus tout juste le temps de réfléchir pour en déduire qu'il devait dater des années 1900, ou quelque chose qui s'en rapprochait. "Vous voulez l'essayer ? " J'acquiesçais de la tête, comme une enfant, par peur sans doute de briser toute la splendeur de l'instant. Alors le brocanteur, ôta le boléro de son cintre en bois pour me le déposer lentement sur les épaules. Je passais soigneusement les bras à l'intérieur. J'eus tellement peur de l'abîmer.
Alors le vieil homme m'apporta un miroir, un de ces vieux miroir qu'on ne voit plus que dans les films."Regarde" me dit-il, "Tu vois ? ".
Oh oui je voyais. Quelle merveille ! Le boléro était d'autant plus resplendissant qu'il possédait une histoire. Celle de la Grand-Mère du brocanteur. Ce n'était pas un vulgaire habit, il avait quelque chose d'autre. Il avait une âme.
"Prends-le". Non je ne rêvais pas, le brocanteur me disait de le prendre.  Je réussis péniblement à balbutier un "Pardon ? ". Alors le vieil homme s'approcha de moi. "Tu lui ressembles."
Je cru voir une larme rouler sur ses joues rondes avant qu'il ne se retourne pour s'asseoir. 
J'attendis là, quelques instants, à le regarder. Il me fixait toujours.
"Prends en soin", me dit-il.
Je compris alors qu'il était temps pour moi de m'en aller.
"Soyez-en sûr..."
Je partis. Lorsque je fus arrivée au grand frêne, symbolisant le début de la propriété, je me retournai une dernière fois afin de crier ses quelques mots, avec une détermination que je ne me connaissais pas "Je reviendrai ! Je vous le promets ! ".





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Exutoire...

Exutoire...

Par Au.dela.des.frontieres le Lundi 4 juillet 2011 à 19:19
Très bien écrit, on arrive à ressentir ce moment que tu as pu vivre..
Par MavyBlondie le Mardi 23 août 2011 à 14:25
Magnifique.
 

Exutoire...









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