TopinambOur

...Je suis l'homme de la nature avant d'être celui de la société...

Samedi 29 septembre 2012 à 20:59

Tu vas trop vite. Arrête de courir bordel, arrête de courir comme si tout allait t'échapper. 

Tu flippes maintenant hein ? Tu te caches derrière des sourires par peur d'exprimer ce que tu ressens.

Tu sais ce qui m'exaspère le plus, c'est que tu n'arrives même pas à l'avouer. Dis-le putain. 

Tu es heureuse et tu le sais. Il te rend heureuse.

Tu crois que c'est honnête de cacher le bonheur ? De le camoufler comme s'il t'était proscrit. Comme s'il était interdit.

T'es qu'une trouillarde. Une trouille qui t'empêche d'avancer.

Saute dans le vide. Vas-y saute ! Y'a rien de mieux, tu verras...

J'te déteste tu sais...
Et puis d'abord, les coeurs, y'a rien de plus niais.

 

Lundi 3 septembre 2012 à 16:30


16 ans, 6 mois, 20 jours                                          Mardi 30 avril 1940   
                                

 

L'opprobre jeté sur cette apothéose de la sensation est tout dans la laideur des mots qu'on emploie pour en parler. "Se branler" fait malade des nerfs, "se tripoter" est idiot, "se caresser" fait chienchien à sa mémère, "se masturber est dégoûtant (il y a quelque chose de spongieux dans ce ve verbe, même en latin), "se toucher" ne veut rien dire. "Vous êtes-vous touché ?" demande le confesseur. Bien sûr ! Comment faire ma toilette autrement ? Nous en avons longuement débattu avec Etienne et les copains. Je crois avoir trouvé l'expression juste : se prendre en main. Dorénavant, quand un adulte me recommandera de me prendre en main, je pourrai le lui promettre sans risquer le mensonge.

 

[...]

 

23 ans, 16 jours                                                      Samedi 26 octobre 1946

 

Tout à l'heure, après l'amour, allongé à plat ventre, en nage, vide, apaisé, déjà somnolent, j'ai senti, tombant sur mon dos, mes cuisses, mon cou, mes épaules, à des intervalles irréguliers, des gouttes fraîches. Un lent et délicieux goutte-à-goutte, d'autant plus exquis que je ne savais ni où ni quand tomberait la prochaine, et que chacune me faisait découvrir un point précis de mon corps, resté jusqu'alors, me semblait-il, intouché. J'ai fini par me retourner : agenouillé au-dessus de moi, un verre d'eau à la main, Suzanne m'aspergeait, du bout des doigts, concentrée comme au-dessus d'une mine. Sa peau, constellée de taches de rousseur et de grains de beauté, est un ciel étoilé. Au stylo bille, j'y ai reconstitué la carte céleste du mois, Grande Ourse, Petite Ourse, etc. A ton tour, m'a dit Suzanne, voyons un peu ton ciel et tes cieux. Mais rien sur ma peau, ni de face, ni de dos, pas un grain de beauté, rien. Page blanche. Ce qui me navre, et qu'elle traduit à sa façon : Tu es tout neuf.




http://topinambour.cowblog.fr/images/DSC0415.jpg

<< Tic | 1 | Tac >>

Créer un podcast